"Trois personnages se croisent en Inde. Françoise, une photographe australienne, est venue à Bhopal dans le cadre d'une recherche sur les suites du drame de cette ville où, vingt ans plus tôt, une fuite de gaz toxique dans l'usine Union Carbide a tué des milliers de gens. Ils se sont croisés sans se connaître des années auparavant, il y a Naga, un réfugié tibétain dont la famille est morte dans la catastrophe et Arkay, un voyageur écossais qui a trouvé un refuge dans le bouddhisme. Ils étaient tous les trois pleins de promesses et d'espoirs.
Françoise rassemble des photographies de leurs vies dans ce Livre rouge. Ces photos racontent leurs histoires d'amour, de lutte et de transformation - elles révèlent les gens qu'ils ont été et ce qu'ils vont devenir, les vies qui s'entrelacent et se séparent."
Une très belle construction narrative pour
ce roman, où les voix de Françoise, Naga et Arkay se croisent, s’entremêlent pour
nous raconter leurs vies au fil des rencontres, de leurs errances
dans ce pays fascinant qu’est l’Inde.
Leurs liens nous sont livrés sur
plusieurs années, le tout porté par une écriture limpide et dont les photos du Livre
rouge (décrites au début de chaque chapitre) sont le fil conducteur.
Chacun de ces personnages est
lourd d’un passé avec lequel il doit composer, et cherche des réponses dans cette
Inde à l’histoire elle-même riche, mais douloureuse. C’est à Bhopal, que
convergent leurs routes, dont la catastrophe, vingt ans plus tôt, nous est
racontée sans voyeurisme et pose la question de la responsabilité collective.
Un
magnifique roman, aux personnages attachants et plein d’humanité, dont la quête
de spiritualité nous amène à porter un regard nouveau sur l’Inde, et cela, notamment à
travers l’objectif de Françoise :
"Cette façon de voir affecte mon travail. Toutes les personnes, les objets et les endroits ont un son et une texture propres. L'Inde, par exemple, est rouge. Mardi est un jour vert. Tout s'accorde en moi. C'est ce qui m'a fait connaître : des photos en noir et blanc qui donnaient une impression de couleur. Des panneaux verts, un ciel bleu et des ombres dorés sur du bois. On peut entendre tout cela dans les nuances mais il n'y a aucune couleur dans mes photographies. Il y a seulement la sensation de quelque chose qui manque, la trame de quelque chose d'absent, quelque chose depuis longtemps disparu. Et le déclic de l'appareil est toujours turquoise ; le son que je préfère."
Le livre rouge de Meaghan Delahunt
Editions Métailié, 2011