lundi 22 août 2011

La femme du tigre de Téa Obreht


Dans un pays des Balkans, marqué par les guerres successives, Natalia, jeune médecin passe la frontière pour aller vacciner des enfants dans un orphelinat. Les restes de la guerre et les superstitions y sont omniprésents. Pendant son voyage, elle apprend la mort de son grand-père, médecin lui-aussi et dont elle était très proche. Natalia se remémore alors leurs moments passés ensemble, et surtout les histoires extraordinaires qu'il lui racontait, dont celle de la femme du tigre et de l'homme-qui-ne-mourra-pas...

 Avec un talent de conteuse, Tea Obreht nous emporte à la découverte des Balkans, de son histoire et d'un folklore riche et fascinant.
Ces contes dont Natalia se souvient, et dont on ne saurait démêler l'authentique du merveilleux, lui apporteront les clés pour comprendre le monde dans lequel elle vit : celui de l'après-guerre, de la reconstruction, mais aussi celui des traditions et des superstitions tenaces...
Malgré quelques longueurs dans le récit, ce premier roman est une très belle découverte, dans lequel on se plonge sans difficulté, pour se laisser entraîner dans une succession d'histoires toutes aussi envoûtantes et captivantes les unes que les autres.

La femme du tigre de Téa Obreht
Calmann-Lévy, 2011

dimanche 21 août 2011

Le livre rouge de Meaghan Delahunt



"Trois personnages se croisent en Inde. Françoise, une photographe australienne, est venue à Bhopal dans le cadre d'une recherche sur les suites du drame de cette ville où, vingt ans plus tôt, une fuite de gaz toxique dans l'usine Union Carbide a tué des milliers de gens. Ils se sont croisés sans se connaître des années auparavant, il y a Naga, un réfugié tibétain dont la famille est morte dans la catastrophe et Arkay, un voyageur écossais qui a trouvé un refuge dans le bouddhisme. Ils étaient tous les trois pleins de promesses et d'espoirs.

Françoise rassemble des photographies de leurs vies dans ce Livre rouge. Ces photos racontent leurs histoires d'amour, de lutte et de transformation - elles révèlent les gens qu'ils ont été et ce qu'ils vont devenir, les vies qui s'entrelacent et se séparent."
Une très belle construction narrative pour ce roman, où les voix de Françoise, Naga et Arkay se croisent, s’entremêlent pour nous raconter leurs vies au fil des rencontres, de leurs errances dans ce pays fascinant qu’est l’Inde.
Leurs liens nous sont livrés sur plusieurs années, le tout porté par une écriture limpide et dont les photos du Livre rouge (décrites au début de chaque chapitre) sont le fil conducteur.
Chacun de ces personnages est lourd d’un passé avec lequel il doit composer, et cherche des réponses dans cette Inde à l’histoire elle-même riche, mais douloureuse. C’est à Bhopal, que convergent leurs routes, dont la catastrophe, vingt ans plus tôt, nous est racontée sans voyeurisme et pose la question de la responsabilité collective.
Un magnifique roman, aux personnages attachants et plein d’humanité, dont la quête de spiritualité nous amène à porter un regard nouveau sur l’Inde, et cela, notamment à travers l’objectif de Françoise :

"Cette façon de voir affecte mon travail. Toutes les personnes, les objets et les endroits ont un son et une texture propres. L'Inde, par exemple, est rouge. Mardi est un jour vert. Tout s'accorde en moi. C'est ce qui m'a fait connaître : des photos en noir et blanc qui donnaient une impression de couleur. Des panneaux verts, un ciel bleu et des ombres dorés sur du bois. On peut entendre tout cela dans les nuances mais il n'y a aucune couleur dans mes photographies. Il y a seulement la sensation de quelque chose qui manque, la trame de quelque chose d'absent, quelque chose depuis longtemps disparu. Et le déclic de l'appareil est toujours turquoise ; le son que je préfère."


Le livre rouge de Meaghan Delahunt
Editions Métailié, 2011
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